Monday, 4 January 2016

[FR] - L'Architecture Pour la Ville

Seminal study on Bourbouze & Graindorge : rebuilding a myth of Haussmanian architecture

 Fondé en 2005 l'agence de Grisha Bourbouze et Cécile Graidorge est déjà lauréates des AJAP de 2005-2006, en 2012 l'agence gagne l'équerre d'argent pour un projet de logement a Paris, celui que nous étudierons. Au cœur de leur pratique se situent deux concepts fondamentaux, un rapport de l'architecture a l'histoire, et une naïveté, qui en dépit des expériences des architectes, les poussent a être modeste, et a réfléchir en profondeur sur chacun des projets. C'est avec une grande attention qu'il conçoivent ces 10 logements, en répondant au contexte, la typologie, mais aussi un impératif contemporain clé : la durabilité. Cette architecture répond donc de façon convaincante le dualisme 'ville' – 'architecture' que B.Huet dénonce dans son article « L'architecture contre la ville » de 1986 – Et c'est en confrontation à ce texte, avec certains apports que nous tenteront de justifier en quelles mesures se bâtiment et une « réconciliation » de l'architecture et la ville. Finalement choisir un projet de logement pourrait être problématique, mais ce programme semble capital a étudier car il est véritablement l'unité de base qui constitue la ville.

Situé a Paris, a proximité de la Gare de l'Est il cherche a traiter l’angle entre la rue Pajol et la rue Riquet de manière continue, à la manière d’une façade dépliée pour valoriser le dégagement exceptionnel dont bénéficie la parcelle sur l’emprise du faisceau ferroviaire de la gare de l’Est.

La parcelle est organisée en trois bandes perpendiculaires à la façade principale rue Pajol. La bande centrale accueille les circulations verticales et des loggias palières qui offrent une vue dégagée et un prolongement commun aux logements. Les deux bandes latérales accueillent les logements ; une travée superpose les logements de petites tailles, l’autre les grands logements, imbriqués en duplex.


Rencontrant ce projet, le promeneur est frappée par la banalité du projet, mais il ne s'agit pas d'une banalité qui rendrait le bâtiment invisible dans son contexte Parisien, car le projet refuse de jouer au jeu du simulacre de l'architecture Post-Moderne. 
 



Celui qui observe le bâtiment est probablement, face a une série d'ambiguïté.. le projet semble banal, pourtant il est unique – le projet semble familier, pourtant il est étranger – le projet est intégré, pourtant il se démarque. L'essence du projet pourrait sembler fugace, mais c'est dans cet entre-deux qu'il s’assoit, et s'affirme, car ce projet n'existe pas dans son contexte, mais il est présent dans celui ci. 
 
L'unicité de l’œuvre d'architecture par rapport a la ville est pour B.Huet le fondement de la contradiction entre la ville et l'architecture car la question qu'il se posait était de savoir comment l'architecture comme œuvre d'art peut exister dans la ville qui n'est pas une œuvre d'art. 
 
L'architecture n'est pas une œuvre d'art, mais l'art informe l'architecture. Le projet de Bourbouze & Graidorge pourrait avoir certaines proximités avec des œuvres d'art minimale, sans avoir la prétention d'en être une. Tout comme les artistes du Land-Art, les architectes ont su « poser les limites » de leur capacité a intervenir.

L'hardiesse du projet consiste justement en cette éthique, en effet, il démontre une grande exigence de soi, au sens que Nietzche devloppe "Chacun est à soi même le plus proche". Pour JL Génard et Didier Bergilèze il s'agit d'un projet qui démontre un « Minimalisme éthique ». Un minimalisme, qui ici renonce a la monumentalisation du logement, et l'architecture autobiographique, et rentre dans le système symbolique de la ville (ref texte) 


 


Le système symbolique de la ville transiterais, d'après B.Huet, dans la typologie, il s'agit selon lui d'un « système de la typologie » et que c'est a travers celui-ci que « transitent l’ensemble des hiérarchies de significations et de règles qui régissent la morphologie urbaine ». 
 
A première vue, la similarité du projet avec ces voisins haussmannien nous marque, elle nous amènerais a qualifié ce type d'une abstraction Haussmannienne. C'est peut être un rare projet de logement avec une visée typologique. Cependant il possède un travail très raffiné sur la rationalisation. 
 
Tout le travail de rationalisation du logement « minimum » effectué par les architectes du mouvement moderne n'avait pas de visée typologique.

Là, apparaît un nouvel entre-deux qui découle de l'abstraction : un entre-deux entre la rationalisation et la typologie.


Le système structurel en béton (voiles périmétriques et façade porteuse constituée de poteaux et de poutres-allèges) permet de grandes portées, et supprime ainsi tous points porteurs intermédiaires dans les logements.
La façade est composée de larges alvéoles en béton brut où alternent des châssis coulissants en aluminium et des panneaux opaques en inox. Ces éléments sont implantés au nu extérieur des façades afin de renforcer la lecture monolithique du bâtiment.


Nous pourrions considérer cette « abstraction » comme un certain archétype du bâtiment Haussmannien. La mise en place de cet archétype suppose un choix de signes a communiquer pour faire rentrer en résonance le projet et le contexte.

Les architectes n'ont pas choisi de respecter la hiérarchie entres les étages, ni la forme des fenêtres. Le signe principal est celui de la toiture – La toiture validerais l'appartenance du projet au contexte, tout en permettant une liberté au reste de la façade. De même le rez-de-chausée est en cohérence avec ces voisins.

Le premier regard posé sur le bâtiment permettrais cette compréhension. Un second regard, plus averti, nous permettrais de voir plus précisément la composition plus complexe de la façade. Plus que rentrer en « dialogue » avec son contexte, le bâtiment permet la mise en place d'une conversation avec celui qui s'y intéresse – c'est a dire le constituant principal du contexte, l'habitant.




Notre approche, délibérément ancrée dans l’histoire de l’architecture et des formes urbaines, tout comme dans l’imaginaire des constructions plus ordinaires, vise avant tout à faire de chaque projet un champ d’expériences nouvelles, en terme de conception, d’usages et de perceptions. Face aux contradictions inhérentes à tout projet (programme, contexte, budget…), nous cherchons l’énonciation lisible et tranchée de ses fondements, et tentons d’affirmer dans toute situation, le primat de l’expérience vécue et des sensations. Enfin, dans un contexte culturel où prime l’impératif de nouveauté, nous tentons fermement de proposer des architectures plus circonstanciées, dont la distinction serait proportionnelle à la stature, discrète ou orgueilleuse.


C'est précisément cette capacité de conversation par l'utilisation un signe contingent qui oppose ce projet aux gesticulations des ornements post-moderne qui viserait plus a convertir. Selon B.Huet « L'architecture aujourd'hui ne peut donner qu’une réponse contextuelle » qui dans la plupart des cas se suffirais a le décrire, s’insérer ; cela sous entendrais une soumission terrible du projet a la ville, comme indique E,Lapierre dans « La Ville contre l'architecture » en 2001. 
 
C'est dans cette optique que le projet se libère de la contrainte extrême de la continuité pour dépasser l'existence dans son contexte, et affirmer sa présence. La présence du projet, permet en plus du respect du contexte : une capacité a ce que le bâtiment puisse lui même devenir référence dans la continuité de l'histoire de la ville. - Un activisme contextuel 
 
L'activisme contextuel et le positionnement éthique permet de résoudre la 4ieme dimension de tout contexte : le temps. La question de la durabilité et des plus urgentes aujourd'hui et les architectes réussissent par les moyens conceptuels que nous avons étudié avant a faire un projet contemporain qui tend vers l'intemporalité – car pour Grisha Bourbouze l'intemporalité, et juste un autre mot pour durabilité. Cette intervention dans toute sa complexité permet peut être de forger une idée de la ville, ne serait t'elle que passagère, en effet, dans les les mot de B.Huet « aucune societé ne peut se passer d'avoir une idée de ville »

La conclusion logique de cet exposé serait donc de comparer la conclusion de l'article de B.Huet avec le projet en question.


Déjà certains architectes, et non pas les moindres, sont prêts a accepter une situation nouvelle ou l'architecte s'effacerait devant l'évidence de l'architecture et l'architecture devant la nécessite de la ville.


Bourbouze & Graindorge se voient comme d'éternels débutant, a la fois naïf et informé, ils s'effacent devant l'architecture, mais leur architecture coopère et enrichi la ville.
Il serait peut être mieux de dire : l'architecte s'effacerait devant l'évidence de l'architecture et permet a l'architecture de participer a la nécessité de la ville.

Gregor WATSON